Joey Clay Photography for Julian Marley Album

Article Le Télégramme, le 27 juillet 2025

Avec « Musique pour les silences à venir », Dan ar Braz, dans une formation piano – guitares, revisite ses albums d’avant le tourbillon Héritage des Celtes. Il est en concert, mardi 5 août, à l’église Saint-Houardon.

Pourquoi êtes-vous allé piocher dans vos albums plus anciens pour ce concert acoustique à Landerneau ?

En fait, ces morceaux-là, je n’ai pas eu très souvent l’occasion de les jouer, parce que j’ai été un peu agréablement piégé avec le succès énorme de L’Héritage des Celtes, à la grande époque. Je suis un peu condamné à jouer des morceaux de cette époque-là, mais cela ne me dérange pas du tout. Sauf que là, trente ans après le départ de cette aventure, je me suis dit : tous les albums que j’ai faits, « Musique pour les silences à venir », « Septembre bleu », « La mémoire des volets blancs » entre autres, je ne les ai que très rarement joués sur scène. Je me disais qu’il serait peut-être temps de trouver un contexte et une formule pour pouvoir le faire. Ce trio, deux guitares et piano, nous permet de jouer dans des lieux appropriés.

Vous rejouez l’album « Musique pour les silences à venir » en entier ?

Non, on pioche dans plusieurs albums de cette période. Et on joue aussi des morceaux de L’Héritage : je ne pourrais pas ne pas jouer Borders of salt, par exemple. On ne rejoue pas l’album, mais j’aurais bien aimé, on l’a déjà fait au festival de Cornouaille il y a très longtemps. Mais il faudrait rejouer les quatre albums, et un concert, c’est douze ou treize morceaux. J’ai une vingtaine d’albums, donc c’est très difficile de choisir. J’aurais bien aimé refaire mon premier album Douar Nevez, je ne l’ai jamais fait, voilà. Personne ne me l’a proposé, et moi, à mon âge, je n’ai plus très envie de challenges, mais plutôt de continuer ma route tranquille.

Pourquoi avoir choisi de jouer dans des petites salles, voire des églises ?

On ne fait pas de festivals ou de grandes messes, mais des petites salles, et si c’est des églises, c’est encore mieux. C’est un choix de passer dans des petites salles. Déjà, on peut être heureux de remplir des salles de 400 places, ce n’est pas évident. Surtout, cela n’a rien à voir avec un festival. Dans un festival, il faut sauter en l’air, aller vers le public, il faut que ce soit rock and roll. Là, on est vraiment dans l’intimité, presque dans un concert de musique classique, où il n’y a pas à danser. Les gens écoutent tranquillement, dans un endroit où ils sont confortablement installés.

Qu’est-ce qui vous pousse aujourd’hui à poursuivre les concerts ?

Je suis content que le téléphone sonne, qu’il y ait du monde dans les salles, on passe des moments super, on boit un coup avec les techniciens, on discute avec le public. Tout est simple, et je me rends compte à quel point aujourd’hui, j’ai besoin de choses simples. Avec les musiciens, on s’entend vraiment bien. Ce sont des concerts tranquilles, comme à la maison, avec un répertoire qui n’a pas été souvent joué, parce qu’il a été, le mot est peut-être un peu fort, « écrasé » par le succès de L’Héritage des Celtes. C’est un voyage dans un répertoire que certains connaissent, mais beaucoup d’autres peut-être moins.

C’est aussi une façon aussi de vous réapproprier votre répertoire ?

Pour les gens, Dan ar Braz, ce n’est pas un musicien, c’est un groupe, un ensemble. Un jour, quelqu’un m’a demandé si je n’étais pas le guitariste de Dan ar Braz. Je lui ai répondu : mais oui, vous avez raison ! Dan ar Braz, c’est des chanteuses, des bagads, des cornemuses, des violons… C’est un grand mélange, et moi, j’ai essayé de garder ma place dans tout ça. Maintenant, à l’âge que j’ai, je joue ces musiques avec encore plus de plaisir qu’avant, parce que j’y travaille tout le temps. C’est un vrai bonheur de donner vie à ces morceaux qui datent quand même du siècle dernier, et à leur accorder le meilleur de mes doigts pour les faire résonner avec encore plus de sentiment et d’intention.

Dan ar Braz en concert à Landerneau, à l’église Saint-Houardon, mardi 5 août à 20 h. 25 € (hors frais de réservation)