Joey Clay Photography for Julian Marley Album

Article Ouest France, publié le 18 juillet 2024

 
Cette semaine, une petite dizaine de jeunes du foyer du Broustic à Landerneau (Finistère) se sont essayés au rap. Accompagnés par Laetitia Dagorn, fondatrice de Locamusics Records, ils ont rappé sur le thème de l’entrée dans l’adolescence et sur leur amour pour le sport.
 
« Toi, t’es une rappeuse née », lance Mathieu, éducateur spécialisé sur le foyer du Broustic à l’une des jeunes filles. Casque sur la tête, le corps enveloppé entre trois murs insonorisés et le micro à deux centimètres du visage, neuf jeunes se relaient pour rapper leur couplet.
L’exercice est plus ou moins stressant. Alors qu’lzia se lance devant tout le monde, il faut sortir pour laisser Maëlys, la benjamine du groupe, rapper ses quelques mots.
Pendant une semaine, les jeunes du foyer du Broustic (maison d’enfants à caractère social), âgés de 6 à 15 ans se sont rendus à la Maison de la Musique de Landerneau pour s’essayer à l’écriture rap et à la mise en musique.
 
𝐋’𝐚𝐝𝐨𝐥𝐞𝐬𝐜𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐞𝐭 𝐥𝐞 𝐟𝐨𝐨𝐭
Les premiers jours de cette semaine d’atelier étaient consacrés à l’écriture. « On a choisi des thèmes, on s’est répartis en deux équipes et après on a dû trouver des mots », raconte Baba, jeune garçon de la maison du Broustic. Très vite, deux thématiques se détachent : le sport, et plus particulièrement le foot avec une actualité brûlante autour de l’Euro 2024 qui semble séduire les jeunes.
Et l’adolescence, étape dans laquelle certains ont déjà fait leur entrée et où les plus petits du groupe s’immisceront bientôt. Face à son micro, Izia répète : « Être ado c’est faire du sport pour évacuer sa colère, c’est traîner avec ses potes même si on est en galère. » À la fin du couplet, la jeune fille réécoute sa voix dans le casque s’esclaffe : « J’ai la voix super aiguë. »
 
𝐒𝐨𝐫𝐭𝐢𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐣𝐞𝐮𝐧𝐞𝐬 𝐝𝐮 𝐟𝐨𝐲𝐞𝐫
 
Le premier morceau est terminé, il ne reste plus qu’à le mixer. « Vous êtes content ? », demande Laetitia Dagorn, rappeuse et fondatrice du studio d’enregistrement. « Ouais, trop », lui répond Abba. Les jeunes s’applaudissent. C’est au tour de Nathan de passer au micro « C’est l’Euro 2024 et tous ensemble on va gagner. Allez, Allez, Allez », scande-t-il, de plus en plus à l’aise au fil des essais.
« Ce n’était pas simple tous les jours, affirme Laetitia Dagorn. Ils avaient du mal à se lever, à se mettre dedans. Mais au final, ils ont produit et la rivalité entre les deux équipes les a motivés. » Emma Jezequel, chargée de médiation culturelle pour l’Art Scène, a participé à la mise en place de cet atelier. Elle regarde les jeunes avec le sourire : « Nous, c’est vraiment ce qu’on cherche, favoriser l’accès à la culture pour tous les publics », explique-t-elle. Mathieu renchérit « Ce genre de projet, ça nous tient à cœur. Ça permet de sortir les jeunes du foyer. Et puis avec ce temps pluvieux, c’est bien d’être à l’intérieur ! »